Une larme dans la nuit

Je ne sais pas ou je suis et encore bien moins ou je vais. Je suis là, à l’arrière d’une charrette se mouvant par la force de deux immenses chevaux. À l’instar de me questionner sur cet étrange moyen de transport plutôt archaïque. Je profite du paysage et de la brise qui caresse ma nuque. Les arbres semblent formés un dôme au dessus de la charrette. Le cocher est assit à l’avant, bien droit…

La ballade semble durer des heures. Le paysage constant est bientôt irritant, se mêlant au son des sabots tout aussi constant. La brise bienfaisante me fait frissonner. Les arbres semblent se refermés sur la charrette. Le cocher reste assit, bien droit… Il ne bronche pas.

J’ouvre la bouche pour l’interpeller. Avant même de pouvoir dire quoi que ce soit. L’homme lève la main, faisant signe de me taire. La rage envahit mon corps et mon esprit. Je ne sais toujours pas ou je suis et encore bien moins ou je vais.

Alors que je me redresse rapidement dans la charrette, celle-ci s’arrête brusquement, me faisant presque perdre pied. Hors de moi, je me précipite sur le cocher pour lui dire ma façon de penser… Je me heurte au vide. Il n’est plus là. Furieux, je le cherche des yeux, pour stopper mon regard sur cette maison.

Mon cœur palpite, entre rage et surprise, comment ais-je bien pu arriver ici? C’est absurde! J’en ai plus qu’assez!

Serrant les poings, je défis le destin à grandes enjambées alors que j’avance vers la maison. M’arrêtant devant la vieille porte de bois, je frappe violemment du poing.

« Ouvrez-moi! Vous m’attendiez et bien me voilà! »

La porte s’ouvre en grinçant. J’entre dans l’antre de la vieille dame sans plus de politesse. Une odeur amer s’infiltre dans mes narines venant percuter mon olfaction. Je recule sous le choc, quelle est cette odeur?!

« Vous êtes venu de votre plein gré mon cher, inutile de me rendre coupable »

La voix de la dame est mélodieuse, malgré son apparence sous ses vieux haillons. Elle garde une intonation bien vibrante… Cette phrase me sort de mes gonds.

« QUOI? De mon plein gré!? Vous vous jouez de moi!!! Vous hantez mes rêves, vous êtes un cauchemar pour moi! Je suis forcé de venir ici, voilà pourquoi j’y suis! Que me voulez-vous !!?? »

« L’esprit malin qui se tapit dans ton être ressurgit depuis ton accident n’est-ce pas? Ne te sens-tu pas étrangement fort, comme si tu n’avais peur de rien présentement? »

C’était bien vrai…J’en avais presque oublié ma pièce! D’un geste réflexe, je plongeai ma main dans mes poches. Le contact froid du métal me rassura, me calma.

« Comment…Comment se fait-il que vous êtes au courant pour tout ce qui m’arrive? Qui êtes-vous?! »

« Mon nom est Imenoa. Mais ce n’est pas important. Ce qui est important, c’est ton avenir. Ne te demandes-tu pas pourquoi Brad Barnes t’a confiné dans un match contre ton seul et unique ami?? »

En effet, cette question me tracasse depuis ce soir même ou les mots sortirent de sa bouche… Son sourire… pourquoi?

« Cet homme n’a pas ramené la LCC sur la carte pour rien Pile ou Face… Les déboires du Kauderwelsh ne sont que dérisoire et illusion. Ne comprends-tu pas le mal qui se joue de toi? »

« Le mal? De quoi parlez-vous?! »

« Brad Barnes n’est pas l’homme que tu crois connaître. Il est vil et mesquin… Tout comme l’est Onni Morana à sa façon… »

« Sottises! Vous m’amenez ici pour me dire des sottises pareil?! Qu’attendez-vous de moi? »

« Rien de particulier… Je vois en toi un grand lutteur, il faut simplement que tu ouvres les yeux, et que tu chasses tes peurs. »

Du coup, Pile ou Face sentit le regard perçant de la femme se porter sur la poche dans laquelle se cachait sa pièce…

« Onni Morana ne te la remettra pas deux fois…Crois-moi! »

De quoi parle-elle?!?

« ARRÊTEZ ÇA! »

***

Pile ou Face se réveilla en sueur, il fit virevolter les couvertures et plongea sur ses pantalons par terre pour récupérer sa pièce. Une larme coula sur sa joue alors qu’il la serra contre sa poitrine… Une larme qui cumulait une nuit de rage et de peur…