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La Danse du sabre (Partie 1)

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La Danse du sabre (Partie 1) Empty La Danse du sabre (Partie 1)

Message  Rayer Ven 9 Mai - 21:53

(Rayer est assis dans son cabinet de travail. Il est vêtu assez simplement, soit un chandail à manches courtes de couleurs blanche avec un pantalon de la même couleur, de toile pelucheuse, assez ajusté mais confortable. Il est accoudé sur le côté gauche vers le coin inférieur de son bureau et regarde une feuille de papier en tenant sa tête de sa main gauche. Sa main droite écrit à la plume sur une feuille de papier, laquelle tend à bouger sur la planche de travaille bordée de cuir. Après quelques minutes dans cette position inconfortable, il pose la feuille à la verticale devant lui, sur un lutrin encastré dans le mur et peint en blanc, pour demeurer subtil. Il constate certaines erreurs, qu’il corrige à bras levé, et sort une nouvelle bouteille d’encre ainsi qu’un papier assez épais, légèrement gaufré et de bonne qualité, qu’il étire. Il sort aussi une enveloppe du second tiroir sur sa droite, à partir du haut, d’une boîte qui y était placée. Il regarde une dernière fois la lettre et hoche légèrement la tête en souriant. Autour de lui, les murs sont toujours aussi blanc, et la chaîne stéréo laisse jouer une pièce baroque de Bach, soit les « Variations Goldberg ». Après en avoir écouté quelques mesures et alors qu’il se positionne pour commencer à écrire, il tourne la tête et regarde par la porte. Une très faible tonalité s’entend et laisse supposer que quelqu’un pratique le piano dans une pièce connexe. Il éteint donc sa radio et écoute Lizst qui joue au loin avec un certain écho. Aucun mouvement cependant, puisque la télécommande était située devant lui, sur sa droite. Il dévisse donc la bouteille d’encre et y trempe sa plume, l’air légèrement hésitant, avant de regarder à nouveau la lettre présente devant lui, avant de commencer ce qui semble être une retranscription.)

Chère Dame,

Je me vois pris dans quelque étrange carcan et ne peut m’éloigner d’une crainte, aussi infime soit-elle, de voir quelque problématique à votre offre. Je suis certain de vos capacités de lutteuses, puisque si je n’ai pu vous voir lutter véritablement jusqu’à présent, vos remarques concernant Dusk sont suffisamment justes pour que penche de votre côté et me laisse aller à votre raisonnement. Je sais que personne contre elle ne peut véritablement lutter, à moins que l’on considère les activités qu’elle opère avec Whitaker comme étant de la lutte, en quelque sorte. Chose certaine, avant longtemps, son terrain sera peuplé d’une immense forêt, et on le prendra comme un orignal. Afin d’éviter toute méprise future concernant cette lettre et empêcher les gens de se donner de fausses idées, je continuerai à écrire à une manière d’époque, considérant qu’après l’époque du libertinage, une dame de votre qualité doit en conserver d’une part les formes, mais aussi le respect des codes verbaux. J’ai pu croire que vous y étiez habileté lorsque j’ai lu votre lettre, du fait de votre verbe non pas impeccable, mais d’une qualité, certainement, qui s’écarte du sens commun des choses. Revenons seulement à ce que vous dites dans votre lettre, je vous prie.
Certes le titre canadien me tenait à cœur, mais je suis maintenant amené à être le capitaine des lutteurs, comme vous avez pu remarquer, et comme vous êtes conscientes, puisque vous m’avez écrit votre lettre. Vos regrets ne sont donc en quelque sorte pas de mise, puisque je suis amené à viser quelque chose de supérieur, et vos chagrins devraient au contraire impliquer Monsieur Whitaker, lequel n’a pas eu la même chance que moi. Cependant, à la manière dont vous en traitez dans votre dernière missive, je crois avoir raison de constater qu’il ne tient pas dans votre cercle d’ami. Aussi, comme je l’ai précédemment dit, une alliance entre nous recèlerait quelques problèmes que j’ai ici le plaisir de vous exposer :


(Rayer tend le bras et change la page. Le grattement de la plume s’est éteint. Notons qu’il écrit d’une manière quasi-gotique, soit à la manière ancienne du côté français, mais qu’il doit s’arrêter après sept ou huit lettres afin de retremper sa plume dans l’encre. Son écriture est serrée, mais aisément lisible. Les traits sont à la fois fins et délicats.)

1° En plus de vous remercier de votre compliment liées à mes qualités de direction, ce qui tend à me démontrer que vous êtres une femme de grande intelligence, je voudrais vous signifier que cela est d’autant plus important que cela vient de vous. Vous savez cependant que Monsieur Whitaker a demandé à Barnes de le laisser lutter, et comme sa réaction est en quelque sorte assez imprévisible, et que vous n’êtes pas en bons termes, je préfèrerais éviter toute bise bille possible. Certes je serais tenté de vous prendre vous dans mon équipe, puisque vous au moins avez ce que l’on appelle un certain sens des responsabilités, un corps magnifique et de bonne engeance – extraordinairement formée, on vous croirait Gala, même si votre pays de provenance peut toujours être modifié au niveau légal. Il y a en vous davantage de potentiel que dans le cas de Whitaker, mais si je me vois contraint à me battre à ses côtés lors du prochain match, je ne saurais que craindre un soulèvement dans mes troupes, et cela serait assez déplorable venant du prochain capitaine des lutteurs de l’ALNF. J’espère que vous comprendrez cette première raison.
2° Je sais que vous croirez peut-être à la misogynie, mais cela serait non pas inégal de ma part, mais plutôt absurde et sans le sens. Vous voulez vous battre contre Moonchild et vous dites vouloir le faire sans aucune raison, mais je peux vous l’indiquer. Vous avez soif de pouvoir et comme vous considérez qu’il est votre plus grande nuisance, soit au niveau de la conquête des hommes ou à d’autres niveaux, sinon vous croyez qu’il m’est supérieur et qu’une victoire sur lui vous couronnerait aussi en quelque sorte. D’un autre côté, il nous serait aussi possible de croire que vous croyez, comme moi, à son infériorité et que vous voulez régler le problème plus rapidement, mais je ne crois pas, lorsque je lis votre discours, que ce soit de cela qu’il s’agisse. Si nous avons de nombreux points en commun, une idéologie nous sépare, mais pour s’allier pour une même cause, laquelle est un des cinq grands, je pourrais aisément passer par-dessus. Mais si vous voulez vous allier à moi pour plus de pouvoir, ou espérer qu’une victoire vous donner du prestige, je vous conseillerais d’avantage d’aller voir du côté de Moonchild.
De fait, il est en quelque sorte plus glorieux de gagner lorsque l’on est de son côté, puisqu’il s’agit de me vaincre. Et je ne parle pas de me vaincre comme m’a vaincu Whitaker au dernier combat, mais plutôt d’une victoire dans les règles de l’art, comme on dit. Notre charisme est semblable, mais si nous cherchons tous deux la victoire, je crois discerner au loin une obscurité, laquelle éloigne irrémédiablement l’un de nous, puisqu’il ne peut y avoir qu’un dirigeant, un conquérant ultime. Cette conquête, ma dame, ne peut se faire qu’en l’honneur de quelqu’un d’autre, et dans un esprit de pure chevalerie digne de Chrestien de Troyes, je serais prêt à quérir cette victoire pour vous, et de montrer la supériorité de ma vertu en votre honneur.
J’espère donc que cette lettre vous parviendra sans délai et sans problématique majeure, espérant que ni l’hôtel, ni les postes n’auront le malheur de retenir cette missive de sorte que votre cœur s’épanche de toute son anxiété face à ma réponse. Considérez aussi que les principes que je vous énonce plus tôt n’ont pas pour but de vous dénigrer ou de vous déranger, mais plutôt de vous aider à vous comprendre et à faire un choix plus éclairé dans la quête de la réussite. Je porterai, ne vous en déplaise, seul, le tourment qui m’accable en ce moment. J’ai déjà porté ce fardeau depuis plus de vingt-cinq ans, et ne suis pas prêt de le laisser. La véritable libération sera de voir Whitaker hors de mon chemin. Convainquez-le de ne pas lutter, et je serai ravi de vous voir parmi mes rangs dans cette victoire, bien que je doute que ce soit pour vous le meilleur moyen d’acquérir une gloire ultime et une égale finitude.

Avec ses sentiments les plus sincères,

Hans-Jakob Rayer
« La Pureté incarnée »
Exterminateur de masse
Votre éternel bienfaiteur, cependant

P.S. Comme vous avez pris la peine de m’indiquer quelques mots de mon pays, je vous laisse un quatrain issu de la culture canadienne. Je m’excuse de ne pouvoir dire mieux, mais j’espère qu’une méditation profonde de ces vers vous le ferons apprécier; votre sourire sera ma récompense :
« Arriverai à onze heure
viens me chercher demain
mon corps est à feu et à sang
pensée couleur de sang d’érable. »
Cherchez-en l’auteur, si le cœur vous en dit, et répondez moi afin que nous puissions amplifier notre échange épistolaire.


(Rayer pose sa plume dans un support métallique annexé à l’aile droite de son bureau, et plie délicatement lettre après avoir pris l’enveloppe. Remarquant son erreur, il reprend sa plume et sort la lettre pour inscrire l’addresse, et recommence le processus. Il sort dans la pièce d’à côté et en ramène un étrange attirail de métal. Après avoir posé sur la partie supérieur une coupole à poigne sur un support en trépier, il pose à côté un support, et ajoute un carré de cire rouge dans le coupole. Il prend ensuite un lampion, qu’il allume, et il le pose sous la coupole de manière à faire fondre la cire. Dans la pièce d’à côté, on entend toujours de la musique, mais c’est plutôt une série désarticulée de notes. Rayer se lève donc et marche doucement vers l’autre bout du couloir. On entend un grand claquement de bois et un cris, puis le père revient, sans cependant fermer la porte. Il semble attendre quelques instants, l’oreille aux aguets, et se tourne à nouveau vers la caméra lorsqu’il entend une sonate de Mozart, assez simple, mais parfaitement synchronisée. Le choix de cette sonate suggère que l’enfant a des douleurs articulaires et que le père a probablement fermé encore une fois le couvercle du piano.)


Dernière édition par Rayer le Sam 10 Mai - 13:10, édité 1 fois

Rayer

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Message  Rayer Ven 9 Mai - 21:57

Rayer (un rictus collé au visage) : C’est ce qui se passe avec moi lorsque l’on tente quelque chose qui n’est pas à notre niveau. D’une part on se blesse et cela laisse des traces, mais de l’autre on retourne à son état fondamental pour favoriser une renaissance. (On n’entend plus le fils jouer au piano, puis il commence à jouer une pièce de Khatchatourian. Rayer poursuit son monologue au rythme des glissés et des accords rapides.) Cette renaissance est nécessaire. Et comme une renaissance est l’acte de retourner vers le passé, je vais faire la même chose avec « M. » Moonchild. Mais cela a aussi une autre fonction, puisque mon objectif est de renverser son discours pour démontrer son absurdité et détruire en quelque sorte son raisonnement, afin de lui permettre de revenir sur le droit chemin, et cela avant que je me fâche véritablement. Car je suis bon joueur, mais je n’aime pas jouer avec des gens de son espèce.

Je voudrais donc, au même titre que la tapette de service, parler un peu de la question du leadership. Le leadership, c’est pouvoir diriger les gens, certes, et les amener à un état supérieur, là où tu échouerais probablement. C’est aussi pouvoir les rallier, et cela ne semble pas te faire du bien que l’on doive approcher les autres afin de créer le match, puisque deux personnes sont déjà venues me parler d’un air intéressé, et que j’ai écrit à quelqu’un d’autre qui aura, je l’espère, de très bonnes nouvelles à m’apprendre. Car oui, on capitaine ordonne – puisque c’est la traduction correcte – et oui le meneur dirige. Or, que recherche le dirigeant de la ligue? Un capitaine, et c’est ce manque de distinction dans les nuances qui fait de toi un si pathétique candidat. La fonction du capitaine est de plus de diriger les autres, de se faire obéir, d’avoir de la poigne et de ne pas se faire poigner, le ce qui n’est pas ton cas. Le capitaine ne montrera pas l’exemple aux autres, il le créera, il montre la voie, car s’il a atteint ce titre c’est que son jugement est efficace, que son jugement est ce qui permet d’arriver au sommet. Et comme on veut savoir comment monter au sommet et pas comment en descendre, je crois que nous pourrons nous passer de ta clientèle. Le « Boss » va chercher l’opportunisme afin d’en profiter et d’en faire profiter les autres. Le meneur est un faible, car il est en quelque sorte passif, un étendard pour que les autres se mesures plutôt qu’un indicateur de talent véritable. Le capitaine doit représenter l’importance de ce qu’il dirige, et comme je crois que nous voulons tous éviter de t’avoir comme représentant, d’autres individus se joindront à ma cause. Certains même, par exemple Daphné, disent ne pas savoir pourquoi ils t’en veulent. Ce rejet ne te donne-t-il pas une quelconque idée de la place qui m’est accordée contrairement à la tienne?

Je pourrais aussi dire que cette appréciation des autres face à moi ne vient que d’une chose, c’est-à-dire le respect. Ils ne pourront jamais te respecter pour ce que tu es, et je doute que tu leur donnes jamais une performance qui permette de le faire. Mes arguments, comme tu dis, tiennes donc à la raison plutôt qu’à l’homophobie. Ils tiennent sur l’expérience et la pratique du combat, et ma rhétorique, la manière dont je puis si facilement détourner chacun de tes arguments contre toi devrait t’en donner un indice assez important. Mais comme tu ne peux comprendre la nuance entre deux mots pourtant très différents, je ne crois pas que tu l’aies remarqué. Je suis en cela moins drastique que toi puisque je puis distinguer les zones de pénombre et non pas seulement la lumière et l’obscurité des mots. Mon expression pourra me mener loin en tant que meneur d’homme, puisque c’est ce que tu sembles privilégier, mais aussi en tant que capitaine, puisqu’un bon capitaine doit savoir expliquer ses choix le moment venu, bien que je doute que quelqu’un dans la ligue soit capable de les comprendre, ces choix. Tes jeunes écervelés, je te les laisse, c’est de coéquipiers dont je parle, et si tu ne peux les comprendre qu’en ces termes, il est bien normal qu’ils se détournent si promptement de toi. La plus grande erreur à commettre, tu las représente déjà, et je doute qu’il soit nécessaire de t’exposer davantage en faire la démonstration. Après t’avoir vu une seule fois, n’importe quel homosexuel aurait le dégoût des hommes. En cela je serais presque tenté de te laisser le poste…

(Rayer s’arrête pour reprendre son souffle et la pièce de piano se termine. Rayer hurle quelque chose en allemand et alors qu’il achève de reprendre son souffle, la mélodie reprend de plus belle et avec plus de rage.)


Pour répondre à l’imprécation selon laquelle je regarde derrière moi, je rétorquerais en disant que je ne fais que le contraire, et que tu ne m’as pas du tout cerné. Je regarde devant afin d’empêcher des gens de ta sorte d’approcher. Je me protège contre les êtres viciés en ton genre, du fait qu’ils manquent de discipline. Car c’est là la clé aussi d’un bon capitaine, et cela te manque, cependant, alors laisse de côté les gags liés à l’homo-érotisme avant que j’en vomisse, sinon ait au moins l’amabilité de brouiller ces parties des vidéos que je reçois au cas où mon fils tomberait là-dessus. Penses-tu seulement à ce que tu peux faire à un enfant avec des commentaires en ce genre? Puisque tu ne pourras jamais en avoir, je crois que cela ne te dérange pas beaucoup, mais pour une fois, il faudrait que tu t’occupes d’autre chose que ton « engin Millenium » et que tu penses à ceux qui t’entourent, même s’ils se font avec le temps de plus en plus rare. Quant au divertissement, je ne le vise pas, et cela est lié à l’idée qui précède : tu t’occupe de ton propre divertissement au niveau sexuel en faisant tes choix, lesquelles sont probablement assez limités puisque la majorité des gens sont quelque peu sensés, sinon assez pour constater que si moins de dix pour cent de la population est homosexuelle et que les représentations dans le règne animal sont exceptionnelles, cela n’est sûrement pas naturel. Mon divertissement, à moins, c’est de ramener quelqu’un de ton espèce à la seule vérité afin que tu puisses un jour atteindre un niveau équivalent au centième du miens. Mais lorsque je croise quelqu’un qui s’exprime à ta manière, ce divertissement devient très vite un travail de patience, puisque je dois constamment me dire : « Ce n’est pas de sa faute, il ne sait pas… » ainsi que mille autres commentaires du même aca… du même genre.

De la sodomie présentée au dernier paragraphe, nous en venons à Dittersdörf, , qui nous fait dévier sur la nazisme et le nationalisme allemand. Sais-tu qu’il est assez faible de s’en prendre à une icône morte, surtout lorsqu’on ne comprend même pas ce qu’il va dire. D’ailleurs, je ne m’attendais pas à ce que tu comprenne, puisque les subtilités et les nuances t’échappent. Je ne suis pas « Mein Kampf » à la lettre. Je ne suis, comme toi, un sot, mais je puis comprendre que ce dont il est question dans cet ouvrage était surtout véridique dans les années 1930. Ce que je fais, de mon côté, c’est une interprétation liée au modernisme qui aborde d’autres problématiques sociales, lesquelles encore une fois t’échappent probablement. Le nazisme est une manière de penser et non un endoctrinement strict. Si je ne pensais pas par moi-même, je ne dirigerais pas le néo-nazi et je n’entamerais pas autant de projets. Si je ne pensais pas par moi-même, peut-être aurait-on appris par une échappée de ma part que je suis homosexuel, qui sait? (Il sourit méchamment.)

Aussi, si j’écarte tout le contenu obscène et sans contenu de ton précédent texte – j’ai peur de dire qu’il n’y en a que peu – je peux déduire que tu en veux à Whitaker, quoi qu’il est vrai qu’il est égal à lui même ainsi qu’au niveau de la mer. De cela nous pouvons voir peut-être une jalousie liée au titre puisqu’on sait pertinemment que tu ne remporteras pas le prochain combat. Ce qui échappe à ma compréhension est le saut direct fait du Canada à Whitaker. Je sais qu’il était dans mon combat, mais il n’avait pas vraiment grand jeu dans notre discussion, bien que je doute qu’il est grand jeu nulle part. Alors avant de m’accuser de faiblesse rhétorique au niveau du langage, penche-toi plutôt sur ton écriture, que tu as l’occasion de réviser, contrairement à ce que je dis.

Ce que je ne comprends pas, aussi, c’est pourquoi tu te demandes dans quel but je viens au Canada alors que tu spécifies que c’est un pays qui accepte le mieux l’homosexualité. Si je suis venu ici c’est justement qu’il y a plus de travail à faire, et que si j’étais allé au Texas, je me serais incroyablement ennuyé sur ce point. Je suis donc venu ici non pas pour changé les mentalités, je n’aurais pas cette prétention, mais pour changer les « mentals », comme diraient les anglophones, une langue germanique étant toujours meilleure pour exprimer une vérité.

De cela nous retournons à tes objectifs de départ, qui se trouvent à être inversés par mon raisonnement : on ne cherche pas de leader, mais un capitaine, conséquemment les responsabilités et les choses recherchées sont inversées, et cela me mettrait sur le trône. Je tiens aussi à dire que t’attaquer à quelqu’un qui pense vouloir se mettre de mon côté n’est pas prudent. Tes aides seront suffisamment rares, alors n’aggrave pas ton cas, sinon je n’aurai aucun mérite à t’écraser. Alors maintenant rembobines cette cassette et apprend comment doit parler un capitaine, entraîne-toi, et peut-être que tu seras moins seul.

(Après avoir retiré la coupole d’étain de sous la flamme et cacheté son enveloppe avec une image d’Hitler, lequel est entouré d’un halo semble à celui qui auréole les saints dans les représentations bibliques, Rayer se lève de sa chaise à roulettes en bois d’acajou et se dirige vers la porte. La caméra le suit jusqu’à une intersection. On remarque dans sa main droite la lettre destinée à Daphnée; l’autre est vide. Il appelle son fils.)


Rayer : Hans? (la musique continue de jouer, alors il répète.) Hans!

Hans-Jakob : Oui?

Rayer : Viens ici, et apporte la lettre. Tu as trouvé son adresse?

(Hans-Jakob s’approche et amène la lettre. Il porte un pantalon noir et une chemise à collet relevé, une cravate, un habit de présentation publique. Probablement pratiquait-il pour un récital.)

Hans-Jakob : Oui, mais…

Rayer : Pas le temps.

(Il prend l’enveloppe des mains de son fils et sort à l’extérieur après avoir descendu un escalier en colimaçon. Il ferme la porte, que le caméraman ouvra par la suite. Mais le temps que celui-ci l’ouvre à nouveau, Rayer est déjà une douzaine de pas plus loin, au bas des marches. L’homme se dépêche donc de rattraper le lutteur, et le retrouve alors qu’il dépose les lettres dans la boîte prévue à cet effet, devant son domicile. L’image oscille, le caméraman doit être essoufflé.)

Rayer : Quant à ce cher individu inconnu, je tiens à lui dire que je n’ai rien contre lui, mais que son jugement est fondamentalement faux. Les lutteurs n’auront aucun choix à faire, s’ils sont doués de raison. Aucune personne saine d’esprit, après les arguments qui ont été fournis plus hautes, n’aurait l’idée de lutteur pour la salope à Moonchild, même si sa vie en dépendait. La pitié n’a jamais été le propre des lutteurs. Je te rappellerais aussi qu’il ne s’agit pas d’un vote, mais d’un combat. Or, si personne ne veut s’impliquer, ce ne sera que plus facile pour moi de prouver ma théorie en reversant la partie physique de Moonchild, après avec démoli sa dernière parcelle d’argumentation.
De plus, je ne peux savoir qui parle de son talent naturel : la race ne serait-elle pas la seule véritable nature? En ce sens, je puis dire que ton jugement est un peu inadapté dans un soucis d’impartialité, puisqu’il me donne l’avantage fondamental, soit la race liée au talent naturel. Et si tu tiens véritablement à rester sur le « ring », je te le concède, tu le peux, mais je vois clair dans ton jeu. Je ne veux aucune magouille, et je pressens que c’est ce qui se passera. Je t’avertis que tu ne pourras rien si le récepteur de cette lettre accepte ma demande. Pour avoir déjà en quelque sorte combattu à ses côtés, je crois pouvoir dire qu’il sauras de retenir pendant que j’écraserai l’homme à l’anus lunatique, à moins que tu me réserve un quelconque prodige.

(Le regard légèrement déviant de Rayer indique qu’il parle à son caméraman.)


Rayer : Comme tu remplaces mon caméraman habituel, je vais t’indiquer la procédure. Tu quittes ma propriété à l’instant et tu ne poses aucune question. Tant et aussi longtemps que tu remplaceras l’autre, qui est toujours à l’hôpital, tu devras contacter mon fils, qui te donnera rendez-vous, et seulement si je considère que j’ai suffisamment à dire. Avec l’ensemble des énergumènes qu’il y a dans la LCC, cela ne devrait cependant pas être un problème.

(Sans dire plus, il tourne les talons et entre dans son domicile. Le caméraman observe la grille, qui s’ouvre lentement. Après un pivot vers la porte de l’imposante maison, on perçoit l’ombre de Rayer, lequel regarde. Sortant de la propriété, l’homme s’arrête dans la rue, et observe le facteur qui arrive. Ce dernier, vêtu avec un short bleu marin et d’une ceinture brune avec une boucle légèrement dorée, d’une chemise assortie portant un petit badge gouvernemental, d’une casquette semblable à celles de la marine mais sans le rebord doré qui recouvre l’espace entre la palette et le béret lui-même, prend les lettres et les regarde rapidement. Prenant celle de Daphné, il la met dans son sac, puis il prend celle qui est destinée à un autre lutteur. Il lit et rie assez amplement avant de traverser la rue, après avoir regardé si un véhicule arrivait. Il la dépose dans la boîte au lettre de la maison face à celle de Rayer, puis continue son chemin. Le caméraman éteint en faisant un gros plan sur cette maison, où diverses ombres s’activent dans la selon, sans pourtant permettre de distinguer l’individu en question. On remarque seulement une paire d’épaules dépassant d’un fauteuil et une grande femme.)

Rayer

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