Aldo seul au chalet

Fraîchement débarqué de son tapis roulant et suant à bonnes gouttes, Aldo Antonelli commençait à se demander ce qu'il allait faire pour le reste de la journée. Son entraînement fait, que restait-il à faire? Bien sûr, il aurait pu s'assoir devant la télévision et regarder la Boutique TVA avec un bol de Nachos à la main, mais il se sentait coupable juste à y penser, après le sermon qu'il a reçu de la part de Véronica. Il devait être mature et sérieux. Ainsi, il s'en fut au salon et s'installa basiquement sur le sofa, et se mis à réfléchir.

Aldo - Kauderwelsh. Kauderwelsh. Comment est-ce qu'on bat ça, un Kauderwelsh?

Quelques secondes s'écoulèrent, puis Aldo agrippa son téléphone portable, qui traînait sur la table du salon, et y composa un long numéro. Il accota finalement son dos sur le sofa, se râcla la gorge, et attendit que l'on réponde à l'autre bout de la ligne.

Aldo - Bonjour, c'est Antonelli. Comment va votre femme? Oh... et vous, aussi?

...

Aldo - Ça va. J'avais besoin d'un avis, et je sais que je peux compter sur votre génie pour peut-être m'aider. Voyez-vous, je dois croiser le fer avec un Kauderwelsh en fin de semaine prochaine. Et je me demandais comment est-ce qu'on élimine ça, un Kauderwelsh. Sachant que tout sera permis...

...

Aldo - Oh, pas si vite! Attendez, je vais prendre des notes.

Antonelli ouvre alors un tiroir du petit meuble à côté du divan, duquel il sort un calepin et un stylo de couleur rouge.

Aldo - Alors, vous disiez? Ah! Les bottes de ciment, oui. Et puis? Le fusil à pompe... ouais, pas mauvais. Et puis? Quoi? Le faire exploser? Non, je crois que c'est exagéré. Non, en fait je crois que vous exagérez un peu sur tous les points. Tout est permis, mais il n'est pas question de tuer, ici. Malheureusement.

...

Aldo - Ouais, c'est peut-être ça, mon problème. Je ne fais pas assez souffrir mes victimes. C'est donc dire que dans ce cas, mon but devrait plutôt être de faire souffrir le Kauderwelsh, et non pas de l'éliminer?

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Aldo - C'est pas mal. Dans un sens, puisque tout est permis, je peux me permettre de croire que je pourrai profiter d'un petit coup de main de la part de votre nièce. Elle...

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Aldo (grimaçant et cachant mal ses mensonges) - Oh, elle est adorable. Sympathique comme personne, et c'est un vrai génie. Je ne sais pas ce que j'aurais pu faire sans elle, monsieur Puglisi.

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Aldo - Oui, je sais. D'ailleurs, je ne demanderai pas à Véronica de m'aider dans ce combat. Après toutes ces semaines où l'on s'est pratiquement moqué de moi, je crois que je préférerais maintenant faire mes preuves, à la bonne manière. Montrer que l'on ne s'en prend pas à la famille sans en payer le prix, et que l'on se plie lorsque la famille exige quelque chose. En votre nom bien sûr, monsieur Puglisi.

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Aldo - Je vais justifier mes actions. Vous verrez, vous serez fier de moi. Et votre nièce aussi, j'espère...

...

Aldo - Merci beaucoup. Je vous embrasse, monsieur Puglisi. Prenez bien soin de vous, et à la prochaine!

Le jeune Italien raccrocha alors. Puis, il se mis simplement à penser tout haut.

Aldo (pensant tout haut) - Tout est tellement différent, mais peut-être seulement dans l'interprétation que j'ai fait de toutes ces choses. On m'a toujours dit que la fin justifiait les moyens et que peu importe la méthode que l'on utilisait, c'était le résultat qui était important. J'ai toujours su satisfaire à ce niveau, puisque tous mes objectifs ont toujours été le même, c'est-à-dire d'éliminer. Or, dois-je maintenant nuancer cet objectif? Car ce n'est plus une question de vie et mort, mais une simple compétition dans laquelle je serais sensé me démarquer. Il était si facile de tirer une balle dans le dos d'un ennemi, mais ce n'est pas une possibilité envisageable, ici. Malheureusement. Ou peut-être pas. Puisque c'est différent. Oh là là, ma tête...

Antonelli pris alors sa tête entre ses deux mains et respira doucement quelques secondes, avant de continuer son monologue inconsciemment.

Aldo (pensant tout haut) - Il s'agit seulement de faire regretter de s'en prendre à nous. Faire regretter de seulement imaginer que la famille pourrait se laisser intimider. Et un mort ne regrette pas. Mais quelqu'un que l'on attaque dans les règles de l'art, lui, va regretter. Et dans ce sens, on parle de souffrance. On parle d'une raclée. Et ça, ça fait un bail que je n'en ai pas donné. Mais dans le fond, c'est comme faire du vélo. Une fois qu'on en a fait, ça ne s'oublie pas. Les visages ensanglantés, les dents cassés, les os qui craquent et qui cassent sous le choc d'un coup de masse, ça demeure si mélodieux, si paisible et si agréable. Après tout, il n'y a pas de meilleur moyen pour se rappeler à quel point la vie est belle, et à quel point il est agréable de savoir se servir des meilleurs moyens pour faire comprendre quelque chose à ceux qui ne veulent pas comprendre. Et de ces gens là, il y en a beaucoup dans cette ligue. Vraiment beaucoup. Alors...

Il se mit alors à réfléchir intérieurement, mais ça ne dura qu'une fraction de seconde.

Aldo - EURÉKA!!! Je ne dois pas éliminer! Je dois faire fuir. Je dois les effrayer, leur montrer qu'il n'est pas sage de s'en prendre à Antonelli, ou à la famille Puglisi. Je dois les faire mouiller leurs pantalons, par la trouille. La peur qu'ils devraient ressentir devant la puissance que nous avons, devant le pouvoir que nous possédons. Et qu'ils sachent que si le regret ne suffit pas, que la souffrance ne leur permet pas d'apprendre, il y aura toujours la bonne vieille méthode dans laquelle il n'y a AUCUN doute. Je suis le meilleur.

Se levant d'un bond, il continua à penser tout haut tout en marchant.

Aldo (pensant tout haut) - Alors la voilà, la manière de battre ce Kauderwelsh. Il n'est qu'un homme comme les autres. Un peu laid, assez costaud, plutôt dérangé, mais il n'est qu'un amas de chair et de nerfs comme tous les autres. Et il regrettera lorsqu'il sera au sol, assomé par la force brute d'Aldo Antonelli, surpris de voir le petit bon à rien, le petit onzième de cette ligue, pouvoir se montrer à la hauteur. Pourquoi? Parce qu'il a enfin compris les règles du jeu. Parce que lorsque la fin est différente, on peut changer les moyens pour y arriver.

Puis, Aldo s'en retourna en direction de la petite salle d'exercice, plus déterminé qu'il ne l'a jamais été depuis son arrivée au Canada.