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La fin de Rachmaninoff

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Message  Rayer Ven 20 Juin - 21:29

(Rayer vêtu d’un complet à queue-de-pie est assis sur un siège de piano rembourré. Ses vêtements sont parfaitement pressés, et le contraste de noir et de blanc lui donne un air particulièrement classe. Ses mains sont recouvertes de ses gants blancs, ce qui augmente la différentiation entre le corps et l’habit, en quelque sorte, et ses souliers noirs fortement cirés réfléchissent la lumière blanche des projecteurs en leur conférant de ce fait un éclat intense. Le siège sur lequel est assis est entièrement noir, du bois laqué de la structure jusqu’au satin qui recouvre le siège, de manière à s’agencer au piano qui est situé devant lui. Contrairement à l’humble piano droit sur lequel il se pratique, le pianiste est en présence, en ce jour, d’un piano à queue de très grand volume. D’une douzaine de pieds profondeurs et d’une largeur légèrement supérieure à celle de son piano d’appartement, il est entièrement, comme le siège, de bois laqué. Le couvercle supérieur est levé et maintenu en place par une pièce de bois sur un support rotatif. Ce couvercle est placé en angle afin de projeter le son dans la direction du public, mais aussi de montrer l’intérieur du piano par le biais de la laque. D’un bois d’érable de couleur pâle, légèrement jaunâtre à cause du verni. Une multitude de cordes, trois par notes pour être plus précis, sont maintenus en place et cognés à un rythme effréné par les marteaux recouvert d’une mousse de couleur verte. Selon le mouvement de la pièce de bois inférieure, la pédale de droite est très fréquemment utilisée, afin d’empêcher une accumulation trop forte des notes. Les doigts de Rayer glissent sur le clavier les notes du premier concerto pour piano de Rachmaninoff, avec la même dextérité que ce que l’on a pu observer alors qu’il s’entraînait chez lui, mais avec un stoïcisme accru. Son visage ne laisse paraître aucune émotion, et ses yeux ne semblent pas même fixer le clavier. Ils semblent, en fait, ne rien voir du tout, sinon s’attarder à l’éclat des projecteurs sur la laque. La musique de l’orchestre est créée par des colonnes de son situées en bas de l’estrade où joue Rayer. À la gauche de Rayer, son fils est assis sur une chaise et observe consciencieusement la partition. Le livre est en effet placé sur un lutrin intégré au piano, bien que Rayer ne semble la regarder qu’en des instants très brefs, probablement des séquences plus complètes ou qui selon lui sont plus désarticulées. Au fur et à mesure que la musique progresse, Hans-Jakob Rayer fils, vêtu d’un complet semblable à celui de son père, semble beaucoup moins imposant vu ses frêles épaules repliées sur la chaise en bois. Son emploi consiste à tourner les pages lorsque son père lui fait un léger signe de tête, bien que le fils soit généralement déjà à l’œuvre lorsque ce signal se laisse observer. Au-dessus d’eux, un écran géant montre le mouvement des doigts de Rayer, tantôt de haut, tantôt dans une vue diagonale du côté gauche ou droit. En bas de l’estrade, dans une salle organisée en pente, un grand nombre d’étudiants observent d’un air blasé l’écran géant. Un certain nombre travaille aussi sur leur portable, d’autres lisent, d’autres ne font simplement rien et quelques personnes, rares cependant, suivent le pianiste d’un œil intéressé. Une fois ce premier concerto pour piano complété dans une série d’accords en decrescendo, Rayer se lève et fait face à son public, son fils derrière lui. Rayer courbe minimalement l’échine et les applaudissements fusent de la salle. Pour la plupart strictement polis, certains font un peu plus de chahut, notamment les quelques personnes écoutant d’un air intéressé. Le bruit diminuant, un vieil homme monte les marches qui mènent au haut de la scène et sert doucement la main de Rayer. Ayant besoin d’une marchette pour se déplacer, cet homme a une longue moustache et vêt un habit très simple, composé d’un pantalon beige et d’une chemise rouge. S’arrêtant devant un micro, il adresse quelques mots à la cohorte estudiantine.)

Enseignant : Je vous remercie tous d’être venus voir mon ancien élève, Hans-Jakob Rayer, qui vient de nous livrer une intéressante interprétation du premier concerto pour piano de Rachmaninoff.

(Les applaudissements recommencent pour environ une minute supplémentaire sans cependant venir à bout de mettre un sourire sur le visage de Rayer, toujours empreint de la même expression neutre.)

Enseignant : Je sais que plusieurs d’entre vous souhaiteraient probablement rencontrer M. Rayer pour discuter avec lui, puisque pour la plupart vous êtes dans la préparation de votre maîtrise en musique, mais il m’a clairement demandé de ne le déranger sous aucun prétexte, particulièrement des étudiants de maîtrise.


(Rayer le regarde d’un air étonné et se rend rapidement au micro où, après s’être éclairci la voix, il prend la parole.)


Rayer : Je crains que Monsieur Bruch n’ait mal compris mon message. Certes, je ne veux pas me faire déranger et ne donnerai jamais de cours à domicile, puisque l’enseignement n’a jamais été mon point fort, bien que mon fils puisse probablement en montrer beaucoup à certains d’entre vous. Je ne rencontre généralement aucun étudiant à la maîtrise pour me concentrer à la répétition de quelques thèses de doctorat et, le plus souvent, on m’envoie les enregistrements, qui me permettent de critiquer avec plus de facilité. Aussi, je ne parle pas à n’importe quel étudiant du doctorat et comme Monsieur Bruch est conscient de mes critères de sélections, je vous prie discuter avec lui d’abord afin de régler les principales formalités, puis qu’il me fasse parvenir votre dossier de candidature. Mon temps est précieux et je ne veux conséquemment le mettre que sur les plus « précieux » étudiants que cette école peut contenir. Merci et au revoir.

(Rayer sors, suivi de son fils et du caméraman, pour cheminer dans une série de couloirs et finalement sortir de l’édifice. Sans jeter un regard en arrière, Rayer déverrouille son véhicule grâce à une manette télécommandée située sur son trousseau de clés et entre dans son véhicule le plus rapidement possible. Cependant, la Mercedes ne compte que deux places, et le caméraman ne peut conséquemment pas y entrer. Rayer est accoudé sur le bord de la porte et regarde directement dans l’œil de la caméra.)

Rayer (ennuyé) : Je suppose que la bienséance m’oblige à dire quelques mots avant de partir pour le Québec? Alors je vais faire cela assez rapidement, puisque je n’ai pas envie d’arriver là-bas tard le soir. Les gens pauvres ont, la nuit, des comportement inconsidérés, comme s’ils croyaient subitement que le monde leur appartenait, alors que ce n’est ni aux riches, ni aux pauvres, mais plutôt aux… m’enfin. (il prend une grande respiration)

Je commencerai en parlant de Véronica et de Véronica seulement, puisque si elle est une femme, elle est plus digne qu’Aldo de percevoir ce que je dis. Elle a commencé à mon sujet en proférant que faire des alliances dans le dos des gens pour me permettre de les battre n’est pas ce que l’on pourrait qualifier de « comportement noble ». Je me ris d’une telle réaction, nécessairement. En fait, si je fais des alliances, ce qui n’est pas illégal, loin de là, puisque les ententes verbales sont protégées dans une certaine mesure, je les fais à la télévision. Autrement dit, je les rends disponibles au grand. Rien n’empêcherait mes adversaires de faire des contre offres, mais si ils veulent m’arracher mes lutteurs, ils auront beaucoup plus à faire, puisque le simple honneur de lutter avec moi pourrait en ramener plusieurs. Si ma transparence n’est pas suffisante pour être acheté en quelque sorte à tes yeux, ou si ton physique ne peut te ramener rien d’autre que des russes déficients et de la parenté aux neurones douteux, ce n’est et ne sera jamais mon problème.

En un deuxième temps, j’avoue ne pas comprendre pourquoi tu me cherches vengeance au sujet de Yuufutsu. Tu devrais plutôt être fière de ce que j’ai fait. J’ai permis à cette tache humaine d’atteindre un nouveau degré de perfection. Et si tu ne peux contrôler tes émotions de femelle infertile, encore une fois, je n’en ai rien à cirer. Plus, même je peux te permettre gratuitement d’aller rejoindre ton ami Yuufutsu. Tu serais toi aussi en voie d’amélioration en plus d’être libérée d’Aldo Antonelli. Je n’aurai aucun problème à t’évincer du combat la semaine prochaine. Car oui, je sais que tu vas essayer de t’intégrer au baston. Je vous connais trop, vous, les Italiens. En cas de Vendetta, tout ce que vous chercher passe devant le reste, même votre amour propre, et le résultat, lorsqu’on s’en prend à moi, ne peut être qu’une déchéance complète, car à la fin il ne te restera plus rien. Je sais que tu mets beaucoup d’énergies pour soutenir Aldo et probablement me revenir avec un coup de traître durant le combat, mais je te demande de voir le chemin de la raison et de l’abandonner pour venir dans mon camp, pour comprendre pourquoi Yuufustu s’est amélioré et en quoi sa mort est une bonne chose pour le reste du monde. Si ton esprit de femelle bouchée reste clos même aux mots u bon sens, je deviendrai par la suite singulièrement méchant jusqu’à ce que tu regrettes plus qu’amèrement toute tentative d’outrage qui a pu fouler ton esprit fourbe. Et après c’est toi qui dit que je ne suis pas transparent, ignoble et dénué de toute noblesse! Retourne suivre tes leçons, tu en as besoin.

Je ne peux pas non plus t’indiquer à quel point je suis déçu que tu aies rapatrié ce timbré de communiste dans nos terres canadiennes. En tant que champion canadien, je me ferai une mission dans les prochaines semaines de le laisser s’évaporer, à moins qu’il ne se tue en tentant de faire un Moonsault à une tortue du haut d’un séquoia ou je ne sais quelle autre abomination intellectuelle encore. Déjà, avec Whitaker, je doutais que la LCC soit sur un bon chemin pour nos téléspectateurs, et me disais que le niveau baisait de jour en jour. Aujourd’hui, avec ce primate, j’en suis plus qu’assuré, ce qui me déprime plus que toute chose. Comment un individu dénué de toute mobilité pourra montrer à Antonelli à lutter. Les deux ont les mêmes compétences et que les deux s’entraînent ensemble ne fera que diminuer leurs capacités globales. Je te laisserai donc patauger dans tes deux déchets pour me faufiler, encore une fois, vers une victoire en solitaire, notes trois adversaires faisant trop pâle figure auprès de ma personne.

Maintenant, je voudrais en venir au cas de Victor Adams. Certes il n’a pas disserté longuement à mon sujet, et surtout pour parler de ma vie personnelle. Cela peut révéler deux choses : il ne connaît rien de moi, ce qui serait épatant en soi, sinon il a peur de moi et tend à se plier en quelque sorte à ma volonté. La faiblesse même de son insulter montre qu’il a dû gratter un peu pour trouver quelque chose à me reprocher, révélant de ce fait ma perfection, la quintessence sportive, artistique et intellectuelle que je représente. Je tiens aussi à lui témoigner mes plus sincères excuses pour ne pas être capable de s’exprimer convenablement. C’en est déconcertant. Il pourrait, puisqu’il ne peut s’en prendre à moi, suivre mon effort discursif et tout en augmentant le niveau de la ligue, faire moins pâle figure en public.

Si le combat est extrêmement débalancé puisque je me retrouve avec une figurine immense et un incompétent fini. Cependant, je suis confiant dans mes chances de remporter cette joute. Je vous abandonne donc sur cette pensée, une maxime empreinte de philosophie qui vous permettra de sourire pour le reste de votre journée : « Simmons et Whitaker se tiennent coit; Johnson et Moonchild se tiennent coït, et Aldo ne tient pas la route. » La perfection soit avec vous, et avec votre esprit, quelque réduit qu'il soit.

(Sans un regard supplémentaire à son caméraman, Rayer met ses verres fumés et le moteur en marche et avance à une vitesse élevée dans le stationnement. Quelques étudiants commencent à sortir de l’imposante bâtisse à l’allure ancienne, laquelle porte l’écriteau « Université de Berlin – département de musique ». La caméra coupe.)

Rayer

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